Chapitre 15

UN CHEMIN OU L’AUTRE…

 

 

 

 

 

 

onea regarda l’eau suinter de la fissure, former une goutte, glisser sur le crochet fixé au mur puis plonger pour venir s’écraser par terre.

La jeune fille leva de nouveau les yeux et observa la naissance d’une autre goutte.

Faren avait très astucieusement choisi sa dernière cachette. Une cave de stockage vide aux murs de brique, avec un banc de pierre pour tout mobilier. Rien d’inflammable ni de précieux.

À part Sonea.

Sentant l’angoisse lui vriller les tempes, elle ferma les yeux et la chassa de sa tête.

Elle ne savait pas combien de temps elle avait pu passer dans le sous-sol. Des jours, des heures… Rien ne permettait de mesurer la fuite du temps.

Depuis son arrivée, elle n’avait pas senti le tiraillement familier. La liste des émotions qui déchaînaient ses pouvoirs était devenue si longue qu’elle ne pouvait plus la tenir à jour. Couchée dans la cave, Sonea s’était ingéniée à rester calme. Chaque fois qu’une pensée venait troubler son repos, elle prenait une longue respiration et vidait son esprit. Le détachement qu’elle en retirait ne lui déplaisait pas.

Le breuvage drogué de Faren y était peut-être pour quelque chose.

La drogue n’a fait qu’empirer les choses…

Sonea frissonna en se souvenant de son curieux rêve, après l’incendie. Elle avait cru rendre visite à un vieux mage, dans les Taudis. Bien que son esprit l’eût invité pour qu’il lui vienne en aide, l’homme ne lui avait été d’aucun secours.

Sonea inspira profondément et chassa ce souvenir.

Elle s’était lourdement trompée en pensant qu’elle avait besoin d’une boule de rage dans laquelle puiser sa magie. Elle en était venue à admirer les mages pour leurs capacités à se contrôler, mais savoir qu’ils n’étaient que des gens dépourvus de sentiments ne lui donnait aucune raison de les aimer.

On frappa doucement à la porte et le battant s’ouvrit lentement. Inquiète, Sonea se leva et se pencha pour jeter un coup d’œil par l’entrebâillement. Cery lui sourit, grimaçant un peu sous l’effort qu’il fournissait pour pousser la lourde porte en métal. Lorsqu’il l’eut assez ouverte pour passer, il s’arrêta et fit signe à son amie d’approcher.

— On doit déménager.

— Je n’ai rien fait du tout !

— Tu ne t’en es pas forcément rendu compte…

Sonea se glissa dans l’ouverture et pensa à ce que Cery venait de lui dire. La drogue l’empêchait-elle de sentir quand sa magie fonctionnait ? Elle n’avait rien vu partir en fumée ni exploser. Ses pouvoirs échappaient-ils toujours à son contrôle, mais sous une forme moins virulente ?

Se poser cette question réveillait de dangereuses émotions que la jeune fille repoussa vivement, se forçant à rester calme en suivant Cery. Arrivé devant une échelle rouillée, le jeune homme y grimpa et ouvrit une trappe ; de la neige fraîche glissa dans le passage.

Un courant d’air glacé souffla sur le visage de Sonea lorsqu’elle émergea à la lumière du jour. Ils étaient tous les deux dans une venelle déserte. Cery ne put s’empêcher de sourire en voyant son amie chasser la neige de ses vêtements.

— Tu en as aussi dans les cheveux, dit-il en tendant la main pour l’en débarrasser.

Mais il poussa un cri et secoua violemment ses doigts.

— Aïe ! Qu’est-ce que… (Il avança la main puis recula.) Tu as encore invoqué une de ces barrières, Sonea.

— Non, c’est pas vrai !

Sûre de n’avoir utilisé aucune magie, Sonea se pencha en avant et sentit une petite douleur en touchant le mur invisible. Par-dessus l’épaule de Cery, elle capta un mouvement du coin de l’œil et regarda ce qui se passait. Un homme venait d’arriver dans la ruelle et marchait vers eux.

— Derrière toi, Cery !

— Magicien ! siffla le garçon.

Sonea leva les yeux et jura. Un homme se tenait sur le toit qui les surplombait et ne la quittait pas du regard. Sonea retint son souffle lorsqu’il enjamba la gouttière. Mais, au lieu de tomber, il flotta et se posa sur le sol, léger comme une plume.

L’adolescente sentit une forte vibration quand Cery frappa son bouclier.

— Cours ! cria-t-il. Sauve-toi !

Sonea s’éloigna du magicien volant. Revenant sur sa décision de rester calme, elle fonça dans la ruelle. Le bruit des bottes martelant la neige, derrière elle, la fit paniquer. Elle accéléra et fut très fière d’atteindre le croisement avec plusieurs longueurs d’avance.

Elle dérapa dans la neige pour s’arrêter, se laissant glisser dans le passage de gauche…

… avant de se raccrocher au coin du mur. Un autre homme se tenait là, les bras croisés. Sonea cria et détala.

Elle s’engouffra dans la dernière rue libre, avant de glisser dans la neige pour freiner son élan. À quelques pas, un quatrième homme lui coupait toute retraite.

Elle jura et se tordit le cou pour regarder derrière elle. Le troisième type la regardait intensément, mais il n’avait pas esquissé un geste. Sonea jeta un coup d’œil au quatrième qui avançait vers elle.

Son cœur s’affola. Elle regarda en l’air, étudia les murs, composés de la brique rouge habituelle. Mais même si elle trouvait le temps d’y grimper, les mages la rattraperaient facilement. Son sang se glaça lorsqu’elle se rendit compte qu’elle était prise au piège.

Aucun moyen de m’échapper.

Sonea fut terrorisée en voyant que les deux premiers hommes avaient rejoint le troisième au croisement. Une sensation qu’elle connaissait bien éclata sous son crâne. De la poussière et des fragments de brique s’abattirent sur les mages lorsque le mur s’écroula, mais ils rebondirent assez loin de leurs têtes.

Les mages regardèrent le mur, puis braquèrent sur Sonea des yeux calculateurs. Soudain affolée à l’idée qu’ils croient à une attaque en règle et ripostent, l’adolescente recula. Elle eut de nouveau la sensation. Sa jambe la brûla. Baissant les yeux, elle vit la neige fondre et former une mare autour de ses pieds. De la condensation monta du sol, emplissant la ruelle d’un brouillard tiède et impénétrable.

Ils ne peuvent pas me voir ! Sonea eut de nouveau un peu d’espoir. Je peux me glisser entre eux.

Elle tourna les talons et s’enfuit. L’ombre d’un homme lui bloqua le passage.

La jeune fille hésita, puis fouilla dans les plis de son manteau, où ses doigts gourds rencontrèrent la poignée froide de sa dague. Alors que le magicien se penchait pour l’attaquer, elle plongea en avant et se jeta sur lui. L’homme bascula en arrière mais ne tomba pas. Avant qu’il retrouve son équilibre, Sonea lui plongea la dague dans la cuisse.

La lame entra profondément dans la chair. Le mage cria de surprise et de douleur. Contente de ce résultat, Sonea retira sa dague de la blessure et poussa le mage hors de son chemin. Puis elle se remit à courir.

Des doigts lui prirent au vol le poignet. L’adolescente grogna et secoua le bras pour se libérer. Le mage resserra sa prise, commençant à lui faire mal, et la lame lui échappa des mains.

Une rafale de vent ayant chassé la brume de la ruelle, Sonea vit que les trois autres mages couraient vers elle. Paniquée, elle se débattit de plus belle, les deux pieds plantés dans le sol. Sans résultat. Avec un grognement, l’homme qui la tenait la tira par le bras pour la propulser sur le chemin des mages.

Sonea sentit des mains attraper ses bras. Elle lutta pour se libérer, mais rien n’y fit. Les mains la poussaient contre le mur et l’immobilisaient. Entourée de magiciens, elle les fixa, les yeux brillant de haine.

— Quelle sale petite peste ! grogna un des hommes.

Celui que Sonea avait blessé ricana. L’adolescente regarda le mage le plus proche et le reconnut. C’était l’homme qui l’avait vue pendant la Purge.

Il la fixait intensément.

— N’aie pas peur de nous, Sonea, dit-il. Nous ne te ferons pas de mal.

Un autre mage grommela quelque chose. Le plus âgé hocha la tête, et les magiciens relâchèrent leur prise.

Une force invisible plaquait Sonea contre le mur. Incapable de bouger et gagnée par le désespoir, elle eut le sentiment que sa magie échappait totalement à son contrôle. Trois mages se jetèrent au sol lorsque le mur s’embrasa et projeta des briques dans la ruelle.

Un homme vêtu d’un tablier de boulanger passa la tête par l’ouverture. Rouge de colère, il vit les quatre magiciens et écarquilla les yeux. Un des mages se tourna vers lui et lui fît un geste sec.

— Allez-vous-en d’ici ! aboya-t-il. Vous et tous les occupants de l’immeuble.

L’homme recula et disparut dans les entrailles de la maison.

— Sonea.

Le mage le plus âgé ne l’avait pas quittée des yeux.

— Écoute-moi. Nous ne te voulons aucun mal. Nous…

Sonea sentit une chaleur intense sur sa nuque. Elle tourna les yeux et vit que les briques chauffaient. Un fluide indéfinissable coulait le long du mur. L’adolescente entendit un mage étouffer un juron.

— Sonea, répéta le plus âgé, arrête de nous combattre ! C’est toi que tu vas blesser.

Dans le dos de la jeune fille, le mur commença à trembler. Les mages tendirent les bras pour ne pas tomber lorsque la vibration s’intensifia. Sonea cria quand le sol se craquela devant ses pieds.

— Respire lentement. Essaie de te calmer.

Sonea ferma les yeux et baissa la tête. Ça ne servait à rien. La magie ruisselait d’elle comme de l’eau qui coule d’un vase brisé. Elle sentit une main toucher son front et leva les paupières.

Le magicien retira sa main. L’air inquiet, il souffla un mot aux autres, puis s’adressa à Sonea :

— Je peux t’aider et te montrer comment arrêter tout cela – sauf si tu m’en empêches. Je sais que tu as de bonnes raisons de nous craindre et de te méfier de nous. Mais si tu refuses mon aide, tu te blesseras, et beaucoup d’autres personnes avec toi. Tu me comprends ?

Sonea le regarda, les yeux ronds. L’aider ? Pourquoi voudrait-il l’aider ?

Mais s’il avait eu l’intention de me tuer, comprit-elle soudain, ce serait déjà fini.

Le visage de la jeune fille ruisselait de sueur et elle vit que l’air frémissait de chaleur. Elle poussa un petit cri de douleur. Le mage et ses collègues ne semblaient pas affectés, mais quand même assez inquiets.

Bien qu’une part de la jeune fille se rebiffât à cette idée, elle savait que quelque chose de terrible arriverait si elle n’obéissait pas aux magiciens.

— Sonea, reprit le mage, nous n’avons pas le temps de t’expliquer. Je vais tenter de te montrer, mais ne résiste pas.

L’homme toucha le front de Sonea du bout d’un doigt et ferma les yeux.

Aussitôt, la jeune fille eut conscience que quelqu’un était dans sa tête et sut immédiatement que cet intrus se nommait Rothen. Et contrairement aux esprits qui l’avaient recherchée sans la trouver, Rothen la voyait.

Sonea ferma les yeux et se concentra sur cette Présence.

— Écoute-moi. Tu as quasiment perdu tout contrôle de tes pouvoirs.

Sonea n’entendait pas les mots de la manière habituelle, mais le message était clair – et il la terrifia. Soudain, elle comprit que son don la tuerait si elle n’apprenait pas à le contrôler.

— Cherche dans ton esprit.

Quelque chose – une pensée non verbalisée – une instruction. Chercher. Sonea prit conscience d’un endroit, en elle-même, aussi familier qu’étrange. Elle se concentra et il se fit plus précis. Une large sphère éblouissante, qui flottait dans les ténèbres.

— C’est ton pouvoir. Il a accumulé beaucoup d’énergie, même lorsque tu en consumais. Tu dois en relâcher – mais de façon contrôlée.

C’était ça, sa magie ? Sonea tendit la main vers la sphère. Un éclair fusa immédiatement dans sa direction. La douleur envahit son esprit, et quelque part, très loin, la jeune fille entendit un cri.

— Ne cherche pas à la toucher – pas avant que je t’aie dit comment faire. Là, regarde-moi…

Rothen attira son attention. L’adolescente le suivit, très loin, jusqu’à une autre sphère lumineuse.

— Regarde.

Sonea vit comment, par la seule force de sa volonté, Rothen puisait le pouvoir de sa sphère, lui donnait forme et le libérait.

— À toi, maintenant.

La jeune fille se tourna vers sa propre sphère et souhaita qu’un peu de cette énergie lui parvienne. La magie la submergea. Il suffisait de penser à ce qu’elle voulait. C’était aussi simple que ça.

— Voilà. Recommence, mais cette fois-ci, continue jusqu’à ce que tu aies épuisé toute ton énergie.

— Toute ?

— Ne t’inquiète pas. Tu es faite pour contrôler une telle quantité de pouvoir, et l’exercice que je viens de te montrer épuisera ta magie sans provoquer de dégâts.

La poitrine de Sonea se souleva lorsqu’elle prit une grande inspiration puis la relâcha. Puisant à nouveau dans son pouvoir, elle entreprit de lui donner une forme et de le relâcher. Dès qu’elle eut commencé, il lui sembla plus facile de lui imposer sa volonté. La sphère commença à fondre jusqu’à n’être plus qu’une étincelle perdue dans les ténèbres.

— Voilà, c’est fait.

Sonea battit des paupières et regarda sans y croire le désastre qui l’entourait. Les murs étaient en miettes, des tas de briques s’étendant sur vingt pas aux alentours.

Les mages regardaient la jeune fille d’un œil suspicieux.

Bien que le mur, dans son dos, se soit écroulé, Sonea sentait toujours la force invisible qui la tenait debout. La pression se relâcha quelque peu, et elle sentit céder ses pieds et ses chevilles. Ses jambes tremblant trop pour qu’elle conserve son équilibre, elle glissa sur le sol. Le vieux mage sourit, s’agenouilla et lui posa une main sur l’épaule.

— Tu es en sécurité, pour l’instant, Sonea. Tu as utilisé toute ton énergie. Repose-toi. Nous parlerons plus tard.

Au moment où le mage la prit dans ses bras, une vague de vertige submergea Sonea, occultant toutes ses pensées, et elle plongea dans le néant.

 

Haletant d’épuisement et de douleur, Cery s’appuya contre le mur éventré. Les cris de Sonea résonnaient toujours à ses oreilles. Le jeune homme pressa les mains sur ses tempes et ferma les yeux.

— Sonea…, murmura-t-il.

Il laissa retomber ses bras, entendit trop tard les pas qui venaient vers lui et quand il leva les yeux, ce fut pour voir avancer l’homme qui lui avait bloqué le chemin.

Cery l’ignora. Dans la poussière et le chaos, il avait entrevu une tache de couleur vive. Il s’agenouilla et toucha un filet rouge qui ruisselait le long d’une brique cassée. Du sang.

Les pas approchèrent. La pointe d’une botte se posa près du sang – des bottes dont les boutons étaient ornés du symbole de la Guilde. Fou de rage, Cery se leva et lança son poing vers le visage de l’homme.

Le mage saisit le poignet du garçon et le tordit d’un geste dédaigneux. Sans point d’appui, Cery trébucha et tomba, sa tête frappant les briques du mur écroulé. Sa vision se brouilla. Cery grogna et se remit debout, les mains de nouveau pressées sur les tempes. Il aurait tout donné pour que le monde s’arrête de tourner follement autour de lui.

L’homme rit.

— Imbécile de traîne-ruisseau ! railla-t-il.

Passant ses longs doigts dans sa masse de cheveux blonds, le magicien tourna les talons et disparut.

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